La fiabilité des données en France

Nadine Ouellette et ses collègues ont acquis une expertise quant à la mortalité à partir de 110 ans dans les pays où l’on peut désigner les supposés supercentenaires. D’ailleurs, dans une étude à paraître sous peu et portant sur la fiabilité des données sur les personnes prétendument décédées à 105 ans ou plus en France, ils étendront leurs analyses de la courbe de mortalité aux semi-supercentenaires.

Pourquoi la France? «Parce que depuis plusieurs décennies déjà, les Françaises maintiennent leur place dans le peloton de tête au chapitre de la longévité humaine. On trouve donc en France un nombre grandissant d’hommes et de femmes qui vivent au moins jusqu’à 100 ans et, de ce fait, qui sont susceptibles d’atteindre des âges encore plus avancés», explique la professeure de l’UdeM.

En effet, selon les données de l’Institut national de la statistique et des études économiques, la France comptait à peine 1000 centenaires en 1970, comparativement à 21 000 en 2016. Plus encore, on estime qu’en 2070 pas moins de 270 000 Français atteindront l’âge de 100 ans!

À partir du Répertoire national d’identification des personnes physiques (RNIPP), les chercheurs ont validé de façon pratiquement exhaustive les cas de prétendus semi-supercentenaires et supercentenaires pour les générations françaises nées entre 1883 et 1901.

Ils ont ainsi été en mesure d’authentifier l’existence de 213 personnes ayant vécu au-delà de 110 ans, tandis que le RNIPP en comptait 231, et 1043 âgées de 105 à 109 ans parmi les 1050 supposés semi-supercentenaires du RNIPP.

«Cela montre que les données du RNIPP sont très fiables pour déterminer la forme de la courbe de mortalité aux âges extrêmes, affirme Mme Ouellette. Jusqu’à 109 ans, le risque d’erreur dans le RNIPP est minime et c’est important, car le nombre de ces très vieilles personnes s’effritant rapidement avec le temps, toute fausse déclaration peut avoir un effet considérable sur nos calculs.»

L’auteure ajoute: «Nos analyses laissent voir que la courbe des quotients de mortalité se stabilise autour de 50 % entre chaque anniversaire dans la tranche d’âge 108-111 ans pour les femmes. Impossible cependant de se prononcer au-delà de 111 ans, car il y a trop peu de survivantes.»